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Rodolphe Barry, un dernier mot...

Rodolphe Barry, un dernier mot...

Afin de prolonger les rencontres avec les auteurs invités de la librairie, nous leur soumettons un questionnaire inspiré de la rubrique Séance tenante du journal Libération.
Rodolphe Barry, auteur de* Devenir Carver *(Ed. Finitude), se prête au jeu.

*Le premier livre ?
*
Le grand Meaulnes, d'Alain-Fournier. J'avais 14 ans et j'entrais dans un autre monde...

*Le dernier livre lu ? C'était comment ?
*
Essai sur le lieu tranquille de Peter Handke. Et c'était formidable. Peter Handke est un des écrivains dont je me sens le plus proche. Il ne m'a jamais déçu.

*Qu'est ce qui vous fait sauter des pages ?
*
J'ai parfois souffert, mais je n'ai jamais sauté une seule page ! (À moins qu'on m'oblige à lire un livre de Frédéric Beigbeder ou de Philippe Besson...)

*Un rêve qui pourrait être un début de roman ?
*
À l'abri derrière un arbre du jardin familial, un enfant écoute parler ses proches, ses parents, ses grands-parents, réunis à l'heure du goûter. Quoique très jeune, il entend tout ce qui ne se dit pas et comprend la place que chacun tient dans sa famille. On l'appelle, mais il ne répond pas, occupé à suivre le jeu de la lumière entre les branches du cèdre. Cet enfant, c'est James Agee, le futur auteur de Louons maintenant les grands hommes et personnage principal de mon prochain livre.

*Le personnage de roman dont vous vous sentez le plus proche ?
*
Hans Castorp (La montagne magique - Thomas Mann)

*Un rituel de lecteur ?
*
Ouvrir un livre en me disant qu'un secret va m'être révélé, sur la vie, la mort, sur l'amour, sur l'écriture.

*Un livre qui vous a empêché de dormir ?
*
Le Journal de Franz Kafka, je ne pouvais tout simplement pas le lâcher.

*L'écrivain dont vous n'oseriez jamais dire du mal ?
*
Comment dire du mal d'écrivains qui m'ont appris sur moi-même et sur le monde ?
Tous ceux qui ne trichent pas, qui ne posent pas, qui n'ont pas d'image d'eux-même et qui écrivent de leur part la plus authentique, la plus vraie : Charles Juliet, Raymond Carver, Jack Kerouac, Neal Cassady, Cormac McCarthy, Peter Handke, Sam Shepard...Les imposteurs sont si nombreux et les médias si zélés à entretenir l'imposture.

*L'écrivain dont vous oseriez dire du bien ?
*
Certains dont on se moque parfois parce que leur lucidité fait peur et que leur parole dérange cette société pourrie : Marguerite Duras, Christine Angot...

*Le livre disparaît à tout jamais ? Une épitaphe ?
*
Une épitaphe sur une pierre tombale, c'est encore un roman, non ? Indestructible !