Le nouveau magazine Initiales est sorti!!

« C’était l’imagination sous sa forme la plus pure : l’art de donner vie à ce qui n’existe pas, de persuader les autres d’accepter un monde qui n’est pas vraiment là. » Paul Auster, Moon Palace

Au temps des rentrées et des prix littéraires succède parfois, malheureusement, celui des disparitions littéraires. En ce début d’année 2024, nous avons dit adieu à Maryse Condé, Paul Auster et Alice Munro.

Cela fait beaucoup pour nos cœurs de libraires. Grande voyageuse, grande enseignante et immense écrivaine guadeloupéenne, Maryse Condé avait contribué à faire connaître et reconnaître la littérature francophone aux États-Unis, mais également dans les pays de langue française. Comment dès lors ne pas crier hourra pour ce prix Nobel "alternatif" attribué à une écrivaine noire et féministe remis par une Académie chamboulée à la suite d’un scandale lié au mouvement #MeToo ?

Avec Alice Munro, les lecteurs français avaient découvert toutes les possibilités narratives et littéraires d’un genre moins considéré chez nous : la nouvelle. Le travail et la fidélité d’Olivier Cohen et des éditions de l’Olivier furent justement récompensés au moment de l’attribution, à cette Canadienne qui avait été libraire, de son prix Nobel en 2013.

Quant à la relation que les libraires, ses lectrices et ses lecteurs entretenaient avec l’œuvre et la personne de l’Américain Paul Auster, elle est difficile à décrire, tant elle est profonde. L’admiration bien sûr pour un style et un art de la narration parfaitement maîtrisés. Le plaisir pur de lecture qui nous tient chevillés au récit, mêlé à la certitude que quelque chose tend à nous échapper, comme un vertige. La promesse, à chaque livre tenue, d’une plongée en abysse au plus profond d’une certaine Amérique et dans la psyché d’un écrivain. Et peut-être aussi, simplement, l’attachement à ce cheminement que les libraires français ont eu avec Paul Auster depuis la parution de ses premiers romans au milieu des années 1980 grâce à Hubert Nyssen et les éditions Actes Sud, qui étaient alors les seuls à croire en lui.

À l’image du dossier central que nous consacrons dans ce numéro aux littératures de l’imaginaire, il n’y a pas de hiérarchisation des genres au sein des librairies Initiales et celles et ceux qui nous offrent ce sentiment de parvenir à approcher de très près la création cohabitent et se répondent sans cesse. Maryse Condé, Paul Auster et Alice Munro sont à lire ou relire, car ils sont des témoins de la solitude des êtres humains, mais également de celle des écrivains et écrivaines. Or dans nos librairies des liens toujours se créent.

C’est le cas à Page et Plume, enseigne indépendante de Limoges qui vient de rallier notre réseau. Leurs coups de cœur et conseils de lecture se joignent désormais à ceux de nos adhérents belges et français.

Julie Remy

La Cour des grands/Le Préau (Metz), Présidente d’Initiales