Sciences humaines de l'été #2

Une sélection pour ne pas perdre le fil d'une société galopant parfois vers un futur incertain...Renouer avec le vivant, vivre en dehors de toute assignation, s'animer d'une juste colère voilà des pistes à creuser tout cet été !
Nous sommes en 2027.
Voici un an que Marine Le Pen a été élue présidente de la République.
Ce livre est le récit de la première moitié de son quinquennat. Soucieuse de faire au mieux, elle s'entoure de personnalités a priori compétentes, dont certaines bien intentionnées.
Et puis une logique politique se met en place : l'État de droit renversé comme promis ; le pluralisme démocratique asphyxié par un capitalisme de connivence ; la transition écologique mise entre parenthèses ; les centres de rétention qui débordent ; les passions qui se soulèvent, les banlieues qui s'embrasent et la guerre civile qui se rapproche ; et enfin la dette qui menace et l'euro qui se fissure.
La France restera-t-elle dans l'Europe ? Ou deviendra-t-elle un narco-État ?
Une dystopie sérieuse ou, si l'on préfère, un cauchemar à portée de main.
Alors qu'à travers le monde, l'extrême droite s'attaque aux droits des femmes, celles-ci sont de plus en plus nombreuses à adhérer aux idéologies réactionnaires. De Giorgia Meloni à Marine Le Pen, en passant par les influenceuses tradwives, pourquoi des femmes choisissent-elles de soutenir des politiques qui vont à l'encontre de leurs intérêts ? Comment investissent-elles ces mouvements et que révèlent-elles de notre organisation sociale ? En s'appuyant sur des travaux fondateurs en sciences humaines et sur des références issues de la pop culture, de Desperate Housewives à Bonnie & Clyde en passant par Twilight, Léane Alestra interroge les liens entre capitalisme, racisme et hétérosexualité normative, révélant que les femmes ne se contentent pas d'adoucir ou de moderniser l'image de l'extrême droite : elles en sont la clé de voûte. Entre théorie politique et questions de genre, elle analyse comment les luttes féministes sont détournées à des fins identitaires. Elle nous engage à renoncer à la vigilance, qui nous enferme dans une logique sécuritaire, pour lui substituer une véritable attention aux autres, seule capable de désamorcer les pièges du fascisme.
Des réflexions sur l'extrême droite en Europe selon trois axes : les avancées électorales du parti, l'idéologie et les combats culturels, puis les divers réseaux. Les contributeurs analysent les différents facteurs de la progression du parti dans les sondages et l'espace public, évoquant notamment l'effondrement du clivage droite-gauche et le phénomène d'extrême-droitisation.
Quinn Slobodian est spécialiste de l'histoire du néo-libéralisme et professeur d'histoire économique et politique globale à l'Université de Boston. Il a notamment publié Les Globalistes. Une histoire intellectuelle du néolibéralisme (Seuil, 2022).
Si l'on jette un rapide coup d'oeil à un planisphère, nous ne verrons qu'un patchwork d'États-nations, net et bien connu. Et si notre réalité était toute autre ? La mondialisation a bouleversé l'ordre du monde, entraînant un foisonnement de nouvelles entités : paradis fiscaux, ports francs, cités-États, enclaves fermées et zones économiques spéciales. Ces nouveaux espaces, libérés des formes ordinaires de réglementation, de taxation et d'obligations mutuelles, perforent la carte des pays. Là, les fanatiques de l'ultra-capitalisme échappent au pouvoir des gouvernements et au contrôle démocratique.
C'est ce monde, composé de trous, d'aspérités et de zones grises que Quinn Slobodian décrit, se lançant sur les traces des libertariens radicaux les plus notoires - de Milton Friedman à Peter Thiel et Elon Musk. Cette enquête magistrale nous mène du Hong Kong des années 1970 à l'Afrique du Sud à la fin de l'apartheid, du Sud des États-Unis à la ville de Londres, de Dubaï à la Somalie en guerre, et jusque dans le métavers, révélant de manière vertigineuse les progrès terrifiants du capitalisme sans la démocratie.
Le Capitalisme de l'apocalypse nous offre une histoire inédite des dernières décennies et une vision alarmante de notre futur proche.
Impitoyable démonstration en 31 pièces d'un puzzle diabolique.
L'écologie n'est pas ce qui nous rassemble mais ce qui nous sépare. D'un côté, une oligarchie prédatrice se met soigneusement à l'abri du désastre. De l'autre, l'immense majorité du vivant est toujours plus exploitée et exposée.
À partir d'une trentaine d'études de cas, Monique Pinçon-Charlot livre l'impitoyable démonstration de la collusion entre élites politiques et industries polluantes et détaille avec brio les roueries de l'oligarchie pour maximiser ses profits tout en saccageant la planète. Face aux fausses promesses de la «?transition écologique?», elle oppose des arguments fondés sur des exemples concrets, comme autant de pièces d'un puzzle diabolique.
Ce livre détonateur à l'argumentaire radicalement anticapitaliste est le premier ouvrage où l'éminente sociologue se penche sur le thème du chaos climatique.
« Les caisses sont vides. » Depuis de nombreuses années, ces quelques mots assénés comme un horizon indépassable suffisent à justifier de limiter les investissements dans nos services publics. La santé, l'éducation ou la justice semblent donc condamnées à fonctionner de manière dégradée.
Est-il donc encore responsable de défendre les services publics ? Les moyens sont-ils vraiment épuisés ? Le temps est venu de décrypter ces affirmations scandées depuis des décennies sans être jamais contredites, ou si peu.
Dans cet essai accessible et référencé, Lucie Castets montre comment le discours techniciste qui promeut la baisse des ressources allouées aux services publics dissimule des choix profondément idéologiques. Elle expose comment ces décisions politiques fragilisent le corps social dans son ensemble et nous invite à un sursaut collectif. Préparer l'avenir nécessite de donner à la puissance publique les moyens d'agir et de remettre les services publics au coeur de notre modèle économique et social.
En France, une poignée de milliardaires s'emparent depuis peu des sources d'information : médias, maisons d'édition, écoles de journalisme... Comme informer coûte cher et n'est que peu rentable, leur intérêt n'est pas économique. Il est urgent de lutter contre cette concentration dangereuse pour la démocratie.
Ce guide pratique et manifeste théorique, lu dans le monde entier, renouvelle en profondeur les sciences sociales et notre compréhension des dérèglements en cours de notre planète.
Il est impossible de saisir ce qu'on appelle l'Anthropocène au seul niveau global. Il nous faut réapprendre à redécouvrir notre Terre, la nouvelle nature où nous vivons désormais, territoire après territoire (ce qu'Anna Tsing appelle des patchs), en suivant aussi bien les dynamiques non humaines que celle des êtres humains.
Ce guide de terrain nous apprend à envisager les effets de nos infrastructures, à en étudier toutes les conséquences, souvent inattendues ou passées sous silence par leurs initiateurs, ce qu'Anna Tsing et son équipe appellent les effets « féraux ».
De la mutation des moustiques sur les navires transportant les esclaves d'Afrique vers les Antilles, devenus ainsi porteurs de la dengue, à la mer Noire privée de poissons, car envahie par les méduses transportées dans les ballasts des navires et favorisées par les insecticides et le réchauffement climatique, en passant par l'envahissante mérule, ce livre fourmille de mille exemples concrets.
Depuis le début du XXIe siècle, l'agriculture urbaine connaît un regain d'intérêt qui s'inscrit dans la prise de conscience des ravages de l'urbanisation croissante et de l'agriculture conventionnelle. Au fil d'une enquête au long cours dans le Grand Paris, à New York et à Détroit, Flaminia Paddeu explore les friches des quartiers populaires, les jardins partagés des centres-villes et les potagers en lutte, interrogeant nos relations à la terre dans les métropoles. Ce livre restitue la pluralité des espaces et des pratiques d'écologie sociale, et rend compte des alliances et des conflits qui se nouent autour du retour de l'agriculture dans les ruines du capitalisme urbain.
Vecteur de droits anthropocentrés, d'exploitation systématique des ressources naturelles et de la mise au travail de tous les êtres, le front de modernisation mené par l'État-Capital vacille face à l'irruption de la Terre et des non-humains dans le champ politique.
Au fil d'une vaste enquête à travers le monde, ce livre ouvre un nouveau chemin à l'heure des dérèglements planétaires : penser notre condition terrestre à partir des processus cosmopolitiques et des inventions institutionnelles qui redonnent à des communautés d'habitant-e-s les moyens d'habiter la Terre.
Ces réinventions décoloniales, interspécifiques et écoféministes nous engagent à réhabiter autrement nos relations, nos affects, nos imaginaires afin de vivre une Terre en communs : une Terre faite de plusieurs mondes.
Un ensemble de contributions de penseurs de l'écologie du XXIe siècle dans des domaines variés : écologie et actualité, agriculture, féminisme, jardins, territoires, justice, pédagogie, altérité ou connaissance, entre autres.
C'est en parcourant 10 000 kilomètres sur le continent nord-américain, au coeur du temple du capitalisme, que l'auteur explore une "ligne verte" à la rencontre d'écotopies - des lieux de résistance où des collectifs citoyens, activistes, agriculteurs, philosophes expérimentent de nouvelles formes de pensées et de vie organisées selon des vertus écologiques, en marge d'un système excluant et destructeur. Le cycliste philosophe nous guide dans un récit de voyage innovant où les approches écolo-libertaires, écoféministes et décoloniales bousculent les lignes pour mieux transformer notre relation sensible au monde et dévoiler un soi écologique.
Des effets des perturbateurs endocriniens en passant par ceux des pesticides,
notre chair est un révélateur de la crise écologique. Alors que les mouvements écologistes
nous invitent à manger sain, redécouvrir les médecines non conventionnelles, un élément
est constamment mis de côté : la sexualité. Morale bourgeoise, hétérosexuelle, ou réel
tabou politique ?
Myriam Bahaffou opère une politisation de l'érotisme présenté ici comme un mouvement
de potentielle transgression collective. Ce livre s'inscrit dans une réflexion écologique,
décoloniale et queer et rappelle que la puissance désirante des individus et des groupes
est le moteur de toute action révolutionnaire.
«Je suis philosophe, je m'intéresse aux rapports entre les femmes et les hommes : après un premier livre sur la soumission des femmes aux hommes, j'ai écrit un ouvrage sur le consentement et les injustices de genre dans la sexualité hétérosexuelle. Je suis aussi une femme de bientôt quarante ans, qui voudrait pouvoir exister dans le monde sans s'inquiéter sans cesse des violences sexistes et sexuelles dont mes amies, mes filles ou moi pourrions être victimes. J'ai vu les changements apportés par le mouvement #MeToo, je vois le backlash masculiniste qui s'efforce de renvoyer les femmes à leur position de deuxième sexe. Lorsque je découvre les crimes commis sur Gisèle Pelicot, je sais que se condensent dans cette histoire toutes les questions philosophiques qui sont les miennes. J'hésite à aller au procès de Mazan. Puis je me rends à l'évidence : il me faut écrire ce procès et l'expérience que j'en fais, comme philosophe et comme femme. Et tenter de répondre à cette question qui me hante : peut-on vivre avec les hommes ?»
Un ouvrage clé pour comprendre le passé et penser les réparations de demain.
S'appuyant sur des archives policières et judiciaires encore largement inexploitées, cet ouvrage dévoile l'ampleur et la continuité de la répression de l'homosexualité en France depuis le xixe?siècle. Antoine Idier explore les mécanismes de contrôle social tout en mettant en lumière le rôle de l'État dans la persécution de milliers d'hommes et de femmes.
Mais cette histoire ne relève pas seulement d'un passé trop vite effacé. Alors qu'une loi de réparation est en discussion en France, à la suite de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Espagne, ce livre interroge l'impératif contemporain de justice?: comment réparer ces injustices passées?? La réparation doit-elle s'arrêter aux condamnations pénales ou embrasser l'ensemble des violences policières et administratives?? Doit-elle être purement symbolique ou inclure des indemnisations financières??
Une enquête saisissante qui, tout en explorant les failles des politiques mémorielles françaises, réfléchit à une reconnaissance complète et à une réparation véritable pour les victimes de cette violence d'État.
Comment être un sujet malgré l'oppression ? La pensée révolutionnaire et l'oeuvre de Monique Wittig dialoguent aujourd'hui avec les analyses et politiques féministes et LGBTQIA+, sa théorisation matérialiste du lesbianisme irrigue les mouvements queer et le féminisme contemporain. En proposant une analyse fine du fonctionnement de l'hétérosexualité comme régime politique total, Wittig théoricienne, écrivaine et militante ouvre la possibilité d'un monde au-delà des catégories de sexe et de genre, fondé sur une nouvelle définition de l'humain. Ce livre se veut une boussole pour s'acheminer vers un tel horizon.