Sciences humaines de l'été #1

On peut toujours replonger dans des cahiers de vacances pour se remettre à niveau...ou alors se faire confiance et plonger dans les propositions de Bruno !
Depuis quarante ans, en Europe comme en Amérique du Nord, la notion de « civilisation judéo-chrétienne » a envahi l'espace public. Ce livre propose une analyse rigoureuse et fondamentale qui dévoile les mécanismes de cette invention et ses conséquences profondes sur la perception de l'histoire et des relations internationales contemporaines.
Le plus " illustre " des diplomates.
La vie de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, le plus célèbre des diplomates français, a été scrutée à de nombreuses reprises par les historiens, tour à tour fascinés par les talents de négociateur de l'homme du congrès de Vienne ou révulsés par la corruption et les multiples trahisons du " diable boiteux ". Les plus grands artistes, de Chateaubriand à Sacha Guitry, ont alimenté sa légende noire, tout en faisant passer à la postérité quelques-uns des plus beaux traits d'esprit de la langue française.
Tâchant de réconcilier les différentes facettes de ce personnage mythique, cette biographie étudie à nouveaux frais, à l'aide de témoignages peu connus, la formation et l'évolution de la pensée de l'évêque défroqué devenu le premier président du Conseil de notre histoire, mais aussi ses goûts artistiques et littéraires, ses réseaux, ses méthodes de travail et enfin ses relations houleuses avec Napoléon, qu'il admirait et haïssait tout à la fois, mais aussi avec Louis XVIII, Charles X et enfin Louis-Philippe, sans oublier son meilleur ennemi Fouché.
Splendidement illustrée par les collections de manuscrits, de gravures, de livres rares et de dessins de la Bibliothèque nationale de France, cet ouvrage a bénéficié de l'apport inattendu de documents inédits tirés des Archives diplomatiques et d'une sélection de tableaux provenant des plus grands musées. Le récit percutant de cette vie hors du commun constitue, pour les étudiants comme pour le grand public, une introduction à l'histoire mouvementée de l'âge des révolutions, mais aussi une synthèse efficace sur l'histoire des relations internationales au XIXe siècle.
Longtemps associée à l'idéologie confucéenne prônant l'exemple personnel et le gouvernement par la vertu, la culture politique chinoise fut en réalité pionnière dans la mise au point de méthodes impersonnelles et automatiques pour établir l'ordre dans le cosmos, l'empire et la vie quotidienne. Ce fait, très largement occulté jusqu'ici, et pourtant sans cesse confirmé par les récentes découvertes archéologiques, invite à esquisser une nouvelle histoire générale de l'État chinois. Encore faut-il comprendre que ce que nous entendons dans les sociétés européennes par «lois» et «nombres» ne correspond que partiellement aux instruments développés en Chine, puisque les nombres ne s'y réduisent pas à des quantités, et que les lois sont décorrélées de toute idée de droit. En mobilisant des sources traditionnelles et inédites, touchant aux mathématiques, à la divination, aux exercices spirituels, aux codes pénaux, aux fictions poétiques du taoïsme ou aux arts de la guerre, Romain Graziani expose ici les formes théoriques et les évolutions concrètes de ce logos chinois. Il retrace, en repartant de l'«expérience légiste», le processus de dépersonnalisation de l'autorité qui mène à l'expérience de l'État total, et montre comment ce paradigme fondé sur les lois et les données chiffrées a refaçonné durablement dans la société chinoise l'expérience du temps, la mobilité dans l'espace, la vision de l'autorité souveraine ; comment il a contribué à redéfinir la notion de travail, le rapport de l'individu à lui-même ; enfin, comment il a permis de formuler très tôt un projet de société structurée par les techniques d'information, de surveillance et de sécurité. À l'extrême pointe de cette trajectoire reliant l'âge du bronze à l'ère digitale, l'entreprise plurimillénaire de «mise en nombre» du monde culmine désormais dans la restauration du culte antique de l'Un.
Il y aurait eu le temps des boomers, puis celui de la génération X à laquelle auraient succédé les Y, Z, et dernièrement Alpha, avant d'autres à venir. Cette manière de penser les générations comme des cohortes destinées à se supplanter est historiquement inédite : on a longtemps considéré que les vies s'enroulaient les unes autour des autres, telles les fibres d'une corde.
En renouant avec cette conception, Tim Ingold opère un retournement simple mais vertigineux par ses effets. Il reconsidère sous ce prisme tous les grands enjeux actuels - changement climatique, création artistique, évolution du vivant, pédagogie...
Dans cet essai qui tient du manifeste, le futur, à rebours d'une vision linéaire du progrès, se conjugue à tous les temps. Car si tout n'est jamais gagné d'avance et que les problèmes restent légion, il reste des raisons d'espérer.
Quand on connaît l'immensité des champs que la pensée de
Carl Gustav Jung a voulu arpenter - le Soi, la psychose, la philosophie, l'anthropologie, l'épistémologie, la religion, la gnose, la magie,
l'alchimie, la mystique, les arts divinatoires, le Mandala... - il pourrait exister de multiples manières d'aborder sa vie et son oeuvre.
Les interprétations sont diverses, et à la mesure même des interrogations qu'elles soulèvent, le Cahier tente d'en offrir un large
éventail.
Il donne à lire un Jung parfois contradictoire, souvent problématique, car le but de ce Cahier n'est pas de clore un débat, mais de
l'ouvrir au contraire en rappelant les points forts de l'exemple de
Jung, en en soulignant les contours, en en faisant ressortir les différentes échappées, et en mettant en avant l'originilité d'une pensée
par-derrière l'apparence dont on a voulu l'affubler.
Ainsi la présentation des articles selon les grands axes thématiques de la réflexion jungienne emmène le lecteur aux origines
de sa pensée, qui passent par la rencontre avec celle de Freud,
dont Jef Dehing en retrace les étapes, jusqu'à ses prolongements
présents et futurs, comme le parrallèle que fait Christian Gaillard
entre les oeuvres de Jackson Pollock et Carl Jung. La vingtaine de
textes et lettres de la main du psychanalyste, complètent par une
approche plus personnelle le portrait du fondateur de la psychologie analytique
Conceptualisée dans l'effervescence contestataire des années 1960 et 1970 par André Gorz, héritier de Sartre et de Marx, l'autogestion est une réponse à l'aliénation du sujet dans toutes ses conditions matérielles d'existence. Ainsi Gorz décline-t-il ce projet émancipateur dans les sphères du travail, des besoins et du temps. Pionnier de l'écologie politique, il montre les limites matérielles de la croissance et les dégâts du capitalisme industriel, en dialogue avec Marcuse et Illich. Critique de la société salariale, il défend la réduction du temps de travail, le temps libre et le revenu universel, en échange avec Habermas et Negri.
Dans cet essai, Céline Marty offre une lecture inédite et exhaustive de l'oeuvre d'André Gorz à l'aune de cet idéal d'autonomie. Partant, elle souligne combien celle-ci peut nourrir et guider l'écosocialisme et ses luttes aujourd'hui.
On habite quelque part parce qu'on y est né, parce qu'on y travaille, parce qu'on a suivi quelqu'un, parce qu'on a été obligé de partir, parce qu'on a été obligé de rentrer, parce qu'on a voulu y tenter sa chance. Il y a le lieu où l'on vit. Il y a les lieux que l'on a quittés. Et parfois existe aussi un endroit que l'on espère trouver, celui qui n'est pas encore chez nous.
Un lieu qui répondrait à nos attentes existentielles, qui nous permettrait de trouver nos sensations d'enfance, qui correspondrait à l'idée que l'on se fait du beau, du vivable, du vrai. Chercher son lieu, c'est espérer trouver l'environnement qui sera le bon pour nous, mais aussi espérer trouver sa place, une forme d'évidence, de stabilité, de point de chute. Un lieu d'arrivée qui rendrait toute notre vie
cohérente.
Dans cette quête, plus ou moins consciente, plus ou moins active, nous devons composer avec nos obligations et nos ambitions familiales, professionnelles, financières, mais aussi politiques et environnementales. Entre désir d'ancrage, aspiration au mouvement et deuil de toutes les vies que l'on n'aura pas vécues, la poursuite du lieu rêvé n'est pas qu'une question géographique. Elle interroge notre rapport au dehors, à la propriété, au réel, à l'autre, à soi.
Dans cet ouvrage, sorte de confession philosophique en forme d'itinérance intime et littéraire, Marie Kock s'interroge sur ce qui nous fait rester ou partir. Sur ce qui nous fait reconnaître un lieu comme étant le nôtre.
«J'ai souvent pensé, étudiant les ouvrages d'écologie où les amateurs de grands espaces et les aventurières partent traquer les loups, observer les champignons, s'émerveiller des poulpes ou défier les ours que, s'ils avaient rencontré ma mère, ils auraient eu sous les yeux une créature tout aussi fascinante, dont les particularités m'ont toujours replacé dans un écosystème familier, au contact d'une intimité aussi problématique que celle qui nous lie toutes et tous, sans que nous comprenions très bien comment, au reste des systèmes terrestres.» Ainsi s'ouvre un grand livre sur l'amour filial, qui explore la gamme si riche des interactions et des sentiments qui nous lient à nos mères, de la naissance à la mort en passant par le grand âge. Maxime Rovere y développe une réflexion éthique profondément novatrice qui nous enseigne le chemin joyeux d'une reconnexion avec le monde.
Comment se sent-on lorsque les chansons qu'on aime, les films qui nous font rêver, les artistes qu'on admire sont jugés et moqués ? Qu'éprouve-t-on lorsqu'on réalise que ce mépris est la face visible d'un continuum de domination bien plus grand ?
Revenant sur son histoire, Rose Lamy raconte le coût d'une existence déterminée par la classe sociale. La mort prématurée, les emplois aliénants, les déserts sociaux et médicaux... Elle montre tout ce que la figure du beauf et ses avatars permettent d'invisibiliser.
Avec Ascendant beauf, Rose Lamy tisse un récit de la domination culturelle, mais côté dominée. Films, émissions de télévision, livres, souvenirs, elle interroge les formes et les fonctions de ce mépris, porté aussi parfois par le camp politique historique des classes populaires : la gauche. Un essai puissant pour se libérer de cette domination et cesser de (se) trahir.
Qui n'a pas déjà son idée toute faite sur la situation des femmes de l'Antiquité grecque ? Les Athéniens Grecs seraient forcément misogynes puisqu'ils sont réputés exclure les femmes de leur cité. Ils les relègueraient dans l'espace privé de la maison, contrôleraient sévèrement leurs pratiques sexuelles et pratiqueraient même un infanticide sélectif à la naissance, tuant ou abandonnant les nouveau-nés féminins pour éviter d'avoir à élever des petites filles qui, grandissant, rejoindraient une autre maison, en emmenant une part de la richesse familiale.
Ce livre interroge cette affirmation car la recherche récente, tant en sciences sociales qu'en sciences de l'Antiquité, permet de réévaluer l'attitude des sociétés antiques envers les femmes et, plus généralement, les rapports que les femmes et les hommes entretiennent, à Athènes d'abord, et dans les autres cités grecques.
La vérité sur les croisades.
Les livres sur les croisades ne se comptent plus. Nul n'ignore désormais ce qui s'est passé à Clermont en 1095, que les croisés prirent Jérusalem en 1099 ou que Saint Louis mourut devant Tunis en 1270. Mais le terme a fini par perdre en lisibilité, employé à toutes les sauces pour qualifier les conflits et tensions de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle : de George W. Bush en 2001 en passant par les djihadistes de Daesh jusqu'aux diverses " croisades " contre le cancer ou la Covid-19... Afin de conjurer l'histoire du passé, il est temps de rappeler ce que les historiens ont patiemment débusqué en analysant de près les documents d'époque, littéraires ou archéologiques.
Plus que de mettre à mal quelques idées reçues - non, les croisés n'étaient pas des anthropophages qui cherchaient à envahir le monde islamique... -, la formidable équipe d'historiens réunis par Martin Aurell et Sylvain Gouguenheim montre la complexité du phénomène en mettant en avant nombre d'aspects méconnus : sait-on ainsi que les croisades continuèrent bien après la mort de Saint Louis et l'officielle " huitième croisade " ? Que des croisés partirent en nombre en direction de la Baltique ? Qu'une guerre dite " sainte " n'est pas nécessairement une croisade et qu'une croisade n'est pas un " djihad chrétien " ? Que le monde arabo-musulman y fut largement indifférent en dehors des territoires directement concernés par les combats ? Que des chrétiens s'y opposèrent, tandis que d'autres firent souche sur place, donnant naissance à des sociétés originales, en Syrie ou en Morée ? Sait-on enfin que ce monde de guerriers fit leur place en nombre à des femmes, pour des rôles variés ?
Un ouvrage inédit, savant, mais vivant et souvent surprenant, rompant en visière avec bien des mythes.
Un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d'affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d'élites traditionnelles, perd tout soutien populaire : au fil des élections, il passe de presque 50% à moins de 10% des voix et se demande comment garder le pouvoir sans majorité, sans parlement, voire sans démocratie. Cet extrême centre se pense destiné à gouverner par nature : sa politique est la meilleure et portera bientôt ses fruits. Quand les forces de répression avertissent qu'elles ne pourront faire face à un soulèvement généralisé, le pouvoir, qui ne repose sur aucune base électorale, décide de faire alliance avec l'extrême droite, avec laquelle il partage, au fond, à peu près tout, et de l'installer au sommet. Cette histoire se déroule en Allemagne, entre mars 1930 et janvier 1933. Elle repose sur une lecture des archives politiques, des journaux intimes, correspondances, discours, articles de presse et Mémoires des acteurs et témoins majeurs. Elle révèle non pas la progression irrésistible de la marée brune, mais une stratégie pour capter son énergie au profit d'un libéralisme autoritaire imbu de lui-même, dilettante et, in fine, parfaitement irresponsable.
Le premier ouvrage complet sur le passé colonial de François Mitterrand et sa relation ambiguë avec l'Afrique lors de sa présidence, trente ans après la fin de son second septennat, par les meilleurs spécialistes.
On croyait tout savoir des mystères de François Mitterrand : Vichy et la Francisque, les relations troubles avec l'extrême droite, sa double vie intime et les " affaires " de ses deux septennats (1981-1995). Mais il restait le domaine colonial et l'Afrique. François Mitterrand, sa vie durant, n'a eu de cesse de réécrire son histoire, imposant le mythe
du " grand décolonisateur " à ses hagiographes. Trente ans après son départ de l'Élysée, le temps est venu qu'un ouvrage se penche sur la part la plus opaque du plus énigmatique des présidents de la République...
Le rêve du " dernier empereur " a été durant toute sa carrière politique de conserver à la France un domaine colonial ou une zone d'influence ultramarine, sources de puissance et de grandeur à ses yeux. La victoire socialiste de 1981 n'a rien changé à cette vision du monde. Dès Vichy, il travaille pour les services de propagande de la Légion, et avant guerre il soutient Mussolini dans sa conquête de l'Éthiopie. De 1947 à 1950, il voyage en Afrique, préparant son arrivée au ministère de la France d'Outre-Mer (1950-1951). Pendant la guerre d'Algérie, il est ministre de l'Intérieur puis de la Justice (quarante-cinq condamnés à mort algériens seront guillotinés alors qu'il est en fonctions). Pendant sa traversée du désert, il effacera toutes les traces de son passé impérial jusqu'à sa victoire de 1981 avec le soutien des associations
de rapatriés. À peine élu, il s'engage pour l'amnistie des putschistes de l'Algérie française et redonne vie à la Françafrique. Le double langage est de mise, aussi bien sur la bombe atomique en Polynésie que sur les " événements " en Nouvelle-Calédonie. Tout au long de ses deux
mandats, les " affaires africaines " sont gérées en famille (son fils est à ses côtés à l'Élysée) et les interventions militaires se succèdent sur le continent. Du discours de La Baule (1990) au génocide des Tutsi au Rwanda (1994), la fin de son second septennat est une longue suite
de désillusions, de compromissions, de scandales et d'aveuglements.
Pour raconter soixante-cinq ans d'une vie à l'ombre de l'Empire colonial, ce livre fait appel aux meilleurs spécialistes et s'appuie sur des archives inédites. Il dévoile ainsi les derniers secrets du Sphinx.
La certitude d'assister à un moment de bascule dans les équilibres du monde dessine la fin d'une ère qui a commencé en 1989-1990, dans l'incrédulité, l'inquiétude mais aussi dans une joie intense. Plus encore que les changements réels qu'elle a entraînés, c'est le souvenir d'émotions puissantes qui fait la postérité de 1989, rare césure positive de l'histoire contemporaine. La mémoire de 1989 est tellement dominée par l'incroyable joie à la chute du mur de Berlin qu'on en oublierait presque que la fin de la RDA et l'unification allemande en 1990 ont été précédées de tant de peur et d'indignation, à Tian'anmen, à Leipzig, à Prague, puis à Bucarest et Timisoara. L'historienne Hélène Miard-Delacroix retrace ici la dynamique avec laquelle, entre émerveillement et espoir, les Européens ont eu l'impression d'assister à un jeu de dominos et parfois de subir les événements. En prenant ensemble la France et l'Allemagne, ce récit original et vivant révèle des circulations inattendues d'émois dans un choeur aux voix nombreuses. Il montre que les émotions sont un moyen d'appréhender le changement et une ressource de l'action publique. Partagées, elles peuvent aussi révéler et consolider des communautés de culture et de valeurs dans un moment de grands ébranlements.
Selon certains, nous serions à l'aube d'une guerre mondiale, voire déjà en plein conflit planétaire ! Massacres de masse à l'est de l'Afrique, rivalité économique et technologique exacerbée entre la Chine et les États-Unis, guerres en Ukraine et au Proche-Orient, augmentation des budgets militaires, tensions autour de Taïwan et du nucléaire iranien, cyberattaques contre des infrastructures et les relais d'information... le climat géopolitique est en effet délétère et inquiétant. Pour autant, la posture apocalyptique n'a pas de sens.
Avec cet essai clair et incisif, Frédéric Encel, géopolitologue reconnu et chevronné, prend le contre-pied des prophètes de malheur, pointe sept réalités objectives qui invalident la « certitude » du pire et fait un sort aux théories de type « choc des civilisations » et autre « piège de Thucydide ».
Fort d'une cartographie abondante et d'une structure pédagogique, ce nouveau livre est à la fois un formidable panorama de nos réalités géopolitiques et un précieux outil de compréhension des temps troublés qui sont les nôtres.
Le mot «physique» a ceci de rare qu'il existe à la fois au masculin et au féminin : il y a le physique et la physique. D'où deux sortes de «culture physique», aux contenus fort différents, d'ailleurs séparées bien comme il faut dans le système éducatif. Il arrive toutefois que ces deux cultures entrent en collision frontale, notamment lorsqu'on découvre l'aisance avec laquelle notre corps et ses sens limités parviennent à fausser notre lecture du monde. Heureusement, au fil de l'histoire, différents stratagèmes furent inventés qui permirent à l'esprit humain de s'émanciper des conditions physiques très particulières dans lesquelles s'ébrouent nos enveloppes charnelles. C'est grâce à de tels «transports» qu'a pu naître la physique dite «moderne», devenue spectaculairement efficace. Mais en ces temps de conquête spatiale et d'intelligence artificielle, comment doit-on envisager la suite de l'aventure ? É. K.
En 1880, Camille Flammarion publie son Astronomie populaire et rend cette science accessible au plus grand nombre. C'est un immense succès. À cette époque, l'univers connu se résume à une petite bulle avec huit planètes, quelques astéroïdes et une seule étoile. Les points lumineux constellant le ciel sont trop lointains pour être étudiés et personne ne peut alors imaginer qu'il existe des galaxies. Quel chemin parcouru par la science en si peu de temps ! Depuis le début du XXe siècle, les révolutions de la physique fondamentale ont bouleversé notre relation à l'univers. Jean-Philippe Uzan nous embarque dans un voyage cosmique fascinant et nous raconte tout ce que l'on sait aujourd'hui sur la Terre, la Lune, le Soleil, les étoiles, mais aussi l'origine de la vie et les galaxies. Tourné vers l'avenir, ce récit dévoile des mondes inconnus et invisibles à nos yeux, tapis de trous noirs et d'exoplanètes. Il révèle notre lien intime aux étoiles. Un livre stimulant pour notre curiosité qui nourrit nos rêves éveillés. Vous ne regarderez plus le ciel ni la Terre de la même manière.
Nous avons tous la certitude que notre existence est guidée par des choix raisonnés, reléguant notre cerveau au rôle de simple exécutant de notre conscience. Issue du dualisme cartésien, cette vision « cogito-centrée » est remise en cause par les neurosciences modernes.
« Mon âme est comme un orchestre caché » écrivait Fernando Pessoa dans Le Livre de l'intranquillité : de fait, d'intenses activités neuronales précèdent nos intentions conscientes. Des expériences ont ainsi détecté une information prédictive d'un comportement moteur jusqu'à plusieurs secondes avant tout mouvement délibéré ! Elles sonnent le glas de la célèbre formule « Je pense donc je suis », déjà mise à mal par d'impressionnants cas pathologiques, comme ce médecin qui, en pleine crise d'épilepsie, parvint à consulter sans être conscient...
Qu'est-ce que la conscience et quelle est sa nature profonde ? Sommes-nous tous des zombis prisonniers d'un cerveau qui n'en fait qu'à sa tête ? Possédons-nous vraiment un libre arbitre ?
Une synthèse aussi vertigineuse que magistrale.