Rencontre avec Dominique Celis : Ainsi pleurent nos hommes (Ed. Philippe Rey)
Kigali, 2018. Depuis sa rupture avec Vincent, Erika vit sur un fil, et écrit à sa sœur pour « exorciser de son corps » un amour-dévastation qui l’habite toujours. Elle raconte son histoire, mais également celle des êtres fragiles auxquels elle est attachée, qui eux aussi tentent de vivre. Avec James, son frère second hand, Manzi, le séduisant karatéka, Maman Colonel, Tonton Damas, les cœurs débordants comme la mousse des bières décapsulées au bar L’Église, ils reconstruisent une nouvelle famille qui illumine ce roman.
Du Rwanda, pays aux mille collines florissantes, où après le génocide des Tutsis chacun a été forcé de tourner la page, Dominique Celis montre que derrière la rhétorique officielle d’unité nationale chacun a « incarcéré ses peines à perpète ». Des blessures sans cesse ravivées lorsqu’on peut croiser les bourreaux d’hier au détour d’une station-service ou sur la rive calme du lac Kivu…
Dans ce saisissant premier roman, Erika fait le récit d’un amour qui tente de résister à la fatalité tragique héritée du passé. Même lorsque Vincent se sépare d’elle, leur passion charnelle ne faiblit pas, et c’est une femme vibrante de regrets, encore taraudée par le désir, qui rédige ces lettres splendides, puisque sur sa peau « rien ne veut s’effacer ».
Née au Burundi, d’une mère rwandaise et d’un père belge, Dominique Celis a passé son enfance au Rwanda, son adolescence au Congo-Kinshasa, puis vingt ans en Belgique où elle a été agrégée en philosophie. Elle vit au Rwanda depuis dix ans. Ainsi pleurent nos hommes est son premier roman.