La sélection Beaux Arts
Catalogues d'expo, monographies et quelques belles surprises se bousculent au rayon Beaux-Arts ! De la beauté à tout point de vue!
Domestiqué vers le 4e millénaire avant notre ère, l'âne joue un rôle considérable dans la culture matérielle et la vie quotidienne des peuples de l'Antiquité méditerranéenne. Les documents nous montrent surtout un animal qui travaille : il porte, il tire, il pousse, il foule. Par là même, son image symbolique est le plus souvent positive, même si la mythologie en dresse un portrait plus nuancé, et si les fables et les proverbes mettent en valeur son obstination et son manque de lucidité. Au Moyen Âge, l'image de l'âne se dégrade fortement : il devient symbole de paresse, de luxure, de bêtise, de folie même. Ses oreilles prennent désormais place sur la tête des sots, des bouffons et des fous. Le cheval lui fait une forte concurrence et le confine aux tâches subalternes. L'âne devient un animal au service des plus pauvres et s'en trouve plus ou moins méprisé. Seule l'histoire sainte le valorise : il a eu l'honneur d'assister à la Nativité puis de porter le Christ lors de son entrée à Jérusalem. À l'époque moderne, la symbolique de l'âne s'inverse progressivement : le sot devient sage et l'animal obtus, clairvoyant. La zoologie fait de réels progrès. Buffon en fait une espèce autonome et vante ses qualités. La sensibilité romantique prend le relais et commence au XIXe siècle à s'apitoyer sur le sort de cet animal par trop humilié et brutalisé. Poètes, conteurs, artistes en proposent un portrait renouvelé, aimable, bienveillant qui se prolonge jusqu'à nos jours dans le livre pour enfants, le monde des jouets, le cinéma, les jeux vidéo, les emblèmes et les symboles. Aujourd'hui, peu d'animaux disposent d'un capital de sympathie qui lui soit supérieur.
Né en Italie de parents américains, le peintre John Singer Sargent (1856-1925) passe l'essentiel de sa carrière à Londres et le plus clair de sa vie à voyager. Paris sera pour lui bien plus qu'une simple étape. Lorsqu'il s'y installe en 1874, la capitale est en effervescence et le jeune artiste brillant y trouve sa voie. Formé dans les ateliers de Carolus-Duran et de Léon Bonnat, Sargent séduit le Tout-Paris. Par la virtuosité de sa touche, la force de ses portraits et l'élégance de son regard, il impose son style singulier. Le milieu artistique français salue ce talent hors du commun, qui choque parfois, avant que la reconnaissance ne cède peu à peu la place à une certaine méfiance... et à l'oubli au XXe siècle. Cent ans après sa disparition, cette rétrospective exceptionnelle, rassemblant près de 130 oeuvres majeures, redonne toute sa lumière à la période parisienne de Sargent - sans doute la plus décisive et la plus vibrante de sa carrière.
Cet ouvrage est une plongée dans l'effervescence des années de la Révolution dans laquelle David s'est impliquée corps et âme. Il invite à découvrir la quête de liberté d'un peintre citoyen, homme d'action dont l'oeuvre ne peut être dissociée de ses convictions politiques. De la fin de l'Ancien Régime à la Restauration, David n'a cessé de se réinventer avec détermination, utilisant son pinceau pour éveiller la conscience de ses contemporains. Marat assassiné, Les Sabines, le Sacre sont les jalons de cet itinéraire, des peintures qui frappent par leur puissance, preuve de l'exceptionnelle maîtrise à laquelle David avait porté son art.
"J'aime bien le train, on a le temps de regarder". La phrase est simple, presque triviale. Elle n'est pas la déclaration enflammée d'un amour dévorant, mais le murmure songeur de quelqu'un qui se laisse doucement bercer, les yeux glissants sur le paysage, par le roulis régulier d'un wagon.
Dessinés à la première personne, ces instantanés hypnotiques se succèdent au gré de l'écoulement des heures, des changements de lumière, ou du passage d'un contrôleur. Du train, expérience d'un lieu suspendu, à la fois présent et déjà passé, collectif et solitaire, Yann Kebbi ne retient que des fragments : épier son voisin dans un reflet, coller son front à la vitre et scruter les jardinets qui défilent... Alerte, curieux ou contemplatif, le voyageur n'est plus défini, le temps d'un trajet, que par ce qu'il voit.
Figure majeure du dessin contemporain, Yann Kebbi déploie, en très grand format, un travail à la plume complexe, physique, presque méditatif, complété par une série saisissante de monotypes en couleurs. Après plusieurs expositions prestigieuses (Fondation Cartier, Galerie Martel...), il choisit ici le livre comme territoire d'expression, poursuivant une oeuvre profondément singulière et habitée. Son trait libre capte l'essence d'un voyage et, immobiles, nous laissons le dessin prendre le relais de notre regard.
Jazzdor la saison ! porte sur la collaboration nouée entre le studio de design graphique Helmo et le festival Jazzdor de Strasbourg.
Depuis 2002, le duo de designers composé de Clément Vauchez et Thomas Couderc conçoit l'ensemble de l'identité visuelle et des supports de communication pour Jazzdor. Au départ pensé comme un festival annuel de deux semaines dédié aux musiques improvisées, ce dernier a considérablement augmenté son offre et ses missions au fil des années. Ainsi, Jazzdor se décline désormais en un festival annuel ayant lieu à Berlin depuis 2007 (centré sur une programmation franco-allemande), une saison de concerts tout au long de l'année à Strasbourg depuis 2014, un label de disques, et un festival à Budapest depuis 2023 (programmation franco-hongroise).
À travers un entretien mené par le journaliste Guillaume Malvoisin avec le duo de graphistes et le programmateur du festival Philippe Ochem, le livre revient sur la génèse et le processus à l'oeuvre dans la création de ces 56 affiches de concerts, entre 2019 et 2024. Réduisant l'identité visuelle de Jazzdor à son minimum (une typographie, un trio coloré), Helmo convoque dans cette série d'affiches des languages graphiques et plastiques les plus ouverts possibles pour rendre compte de la très grande variété esthétique des projets musicaux au programme. Photographie, dessin, peinture, matières, documents, typographie, textes ou citations... Tout est possible pour composer ces micro-récits qui annoncent et accompagnent ces musiques singulières. Contrairement aux affiches de festival traditionnelles, ces affiches en série permettent à Helmo d'affirmer une singularité et de mettre en lumière la grande variété esthétique des projets musicaux au programme, en s'appuyant à la fois sur la musique, mais aussi sur les textes, images et autres matériaux fournis par Jazzdor et les musiciens eux-mêmes.
Très richement illustré, ce livre propose un panorama international de l'histoire du photomontage, sur l'ensemble du XXe siècle, en articulant histoire politique et histoire des formes graphiques.
" Couper, coller, imprimer " : tels sont les gestes essentiels, appliqués aux images photographiques, qui délimitent la pratique du photomontage. Ce rapport particulier à l'image, au graphisme et à la matière imprimée a transformé en profondeur les formes de la communication politique au XXe siècle, en donnant la possibilité d'orienter la lecture des photographies, désormais offertes à toutes sortes de manipulations et de combinaisons.
Accompagnant l'exposition éponyme à la Contemporaine, cet ouvrage propose un panorama international du photomontage en articulant histoire politique et histoire des formes graphiques. S'appuyant sur les contributions des meilleurs spécialistes, ce parcours au travers du siècle et de ses grandes luttes politiques nous emmène à la rencontre des constructivistes soviétiques et des figures majeures des années 1920-1930 à l'instar d'El Lissitzky, John Heartfield ou Gustav Klucis, mais aussi de productions moins connues, notamment dans le domaine de la presse alternative et militante, qui va intégrer le répertoire visuel des contre-cultures à la fin des années 1960 et promouvoir le collage comme incarnation de l'éthique
do-it-yourself.
Une véritable traversée du XXe siècle par l'image imprimée et le travail des artistes-graphistes.
Heinrich Buchecker est un entomologiste allemand qui a parcouru l'Europe pour constituer l'oeuvre de sa vie, dessinée de sa main : une encyclopédie illustrée des insectes. L'homme a une personnalité singulière : il se détourne d'une carrière médicale et devient chef de musique à la cour du roi du Danemark et du roi de Hanovre. Il est engagé en 1889 au musée d'histoire naturelle de Strasbourg en tant qu'assistant en entomologie. À son décès en 1894, à l'âge de 65 ans, il a dessiné, seul, près de 5 500 planches représentant près de 60 000 insectes de divers ordres. Libellules, papillons, coléoptères... sont représentés de face, de profil, dessinés à la plume et colorisés à la gouache, plusieurs spécimens par planches, sur de modestes feuilles volantes. L'ensemble constitue aujourd'hui une documentation précieuse concernant certaines espèces disparues. Au-delà de la qualité des dessins, de l'émerveillement que suscitent les motifs et les couleurs et l'infinie diversité du vivant, l'ouvrage qui lui est ici consacré constitue un émouvant témoignage de la passion universaliste du XIXe siècle et d'une existence consacrée à l'inventaire de la nature.
Coédition Fondation Louis Vuitton / Citadelles & Mazenod
Gerhard Richter se décrit lui-même comme un "peintre classique". Ce catalogue de l'exposition majeure organisée par la Fondation Vuitton vise à présenter l'évolution complète de sa carrière, qui s'étend sur plus de six décennies. Plus de 250 oeuvres mettent en lumière à la fois les continuités et les ruptures dans ses réalisations, qui comprennent non seulement des peintures, mais aussi des dessins exquis, des photographies surpeintes et des sculptures.
Formé à Dresde, Richter s'intéresse aux genres historiques de la peinture et cherche à les réinterpréter dans le contexte de l'époque contemporaine, révélant la beauté et les questions éthiques à travers des sujets apparemement conventionnels. Il a également exploré diverses techniques de peinture, créant des oeuvres qui vont du calme et du raffinement à l'énergie débordante, reflétant son engagement physique dans le processus créatif.
Exposition du 15 octobre 2025 au 02 mars 2026
Son visage, qu'elle a inlassablement peint tout au long de sa courte vie, est l'un des plus célèbres de l'histoire l'art. Icône de l'art mexicain, Frida Kahlo a bâti sa propre légende, qu'elle a aussi bien transposée sur la toile qu'incarnée dans sa vie quotidienne. Mais que se cache-t-il derrière ce mythe, qui a aujourd'hui engendré une véritable « fridamania » ?
« Je n'ai jamais peint mes rêves, j'ai peint ma propre réalité », affirmait Frida Kahlo. Gravement meurtrie dans sa chair lors d'un terrible accident, consumée par sa passion dévorante pour Diego Rivera, l'artiste a transcendé ses souffrances par la peinture. À la force de son pinceau, elle a affronté ses tourments pour s'imposer comme une femme et une peintre libre.
Frida Kahlo a remis en question tous les codes moraux et artistiques. Dans son atelier de la Casa Azul, s'affranchissant du carcan des avant-gardes européennes, l'artiste a façonné une oeuvre habitée par son histoire personnelle, ses idéaux politiques et les traditions ancestrales mexicaines. Noirceur et allégresse, amour et violence, sensualité et pulsion de mort : la peinture de Frida Kahlo se lit comme un oxymore qui dit tout de la personnalité magnétique de cette artiste révolutionnaire, l'une des plus fascinantes et puissantes figures de l'histoire de l'art du xxe siècle.
Depuis sa redécouverte au XXe siècle, Georges de La Tour (1593-1651) est reconnu comme l'un des plus grands peintres français.
À travers une sélection de peintures autographes et d'autres artistes italiens, français et nordiques, l'exposition retracera la carrière de ce peintre lorrain aussi rare que fascinant.
Articulée autour de sections thématiques, elle présentera les sujets de prédilection de Georges de La tour, comme les saints pénitents, tricheurs ou mendiants, en les replaçant dans le contexte de la circulation du caravagisme en Europe.
Cette monographie sur le sculpteur François Pompon est proposée pour le centenaire de son fameux Ours blanc. Inédite dans le paysage éditorial, elle retrace l'histoire et l'oeuvre de l'artiste. L'ouvrage comprend deux parties, agrémentées des livres de comptes de Pompon : une biographie illustrée bilingue, suivie du répertoire des oeuvres.
Résolument moderne, François Pompon a vivifié l'art animalier du début du XXe siècle, par sa conception originale de
la forme et l'émotion produite. Il consacra pourtant la plus grande partie de sa vie à exécuter des compositions pour d'autres sculpteurs, jusqu'au jour où il se mit à l'étude des animaux par choix et par goût. En s'inspirant des principes de l'Antiquité tout en remettant en question les conventions de la statuaire traditionnelle, il créa un style réaliste, suggestif
et simplifié. L'Ours blanc porta la carrière du sculpteur à son apogée et en est aujourd'hui, le symbole.
Pompon représente l'animal dans son quotidien, pour lui-même et sans mise en scène. Il trouve l'équilibre entre
réalisme, vérité et abstraction de détails inutiles. Les surfaces sont polies et rondes, conduisant à une beauté apaisante et compréhensible au premier regard. Résultat d'un long travail manuel et expérimental, cet élan créateur mène François Pompon vers de nouveaux chefs-d'oeuvre sublimant le monde animalier. Ours, sanglier
La pierre lithographique que j'ai devant moi sera la première d'une série destinée à illustrer Vacillations. Faire courir avec indépendance, de haut en bas, la typographie d'un inédit de Cioran comme une bande-son le long d'une pellicule cinématographique. Pierre Alechinsky, Ambidextre, 2019.
Ce livre explore l'univers fascinant de Ito Jakuchu (1716-1800), un artiste emblématique de la période Edo et de l'art japonais, dont les oeuvres forcent l'admiration par la richesse éblouissante de leur composition, la précision et la minutie saisissantes des moindres détails, sans oublier leur profondeur spirituelle, influencée par le bouddhisme Zen.
Né à Kyoto dans une famille de grossistes en légumes, il reprend en 1738 l'entreprise familiale vieille de plusieurs générations. Mais la période Edo est favorable au changement social. À 40 ans, déjà célèbre, Ito Jakuchu quitte le commerce familial pour se consacrer pleinement à sa passion, la peinture. Il s'affirme comme un artiste en rupture avec les conventions de l'époque, et bien que considéré comme un excentrique pour son goût des sujets inhabituels et son indépendance par rapport aux écoles de peinture de l'époque, il gagne rapidement les faveurs du public.
Observateur inlassable du règne animal, il se passionne pour des espèces communes d'oiseaux, de poissons, de fleurs sauvages qu'il reproduit avec un réalisme extraordinaire. Son style éblouissant atteint son apogée en 1757 avec sa série de trente rouleaux verticaux Images du royaume coloré des êtres vivants, réalisée sur près d'une décennie, splendide et foisonnant bestiaire, faune fabuleuse composée d'une multitude de volatiles (paons, coqs, oies sauvages...) mais aussi de nombreux insectes, batraciens, reptiles et espèces marines, sauterelles, papillons, grenouilles, serpents, coquillages, poulpe.
Pour créer ces magnifiques compositions animalières peintes sur soie qui irradient leurs couleurs vives, il aura fallu des journées d'observation à Ito Jakuchu pour restituer minutieusement le fourmillement de la faune et de la flore dans leurs moindres détails. Si le peintre, profondément ému par la beauté du vivant dans toute sa diversité, ne jure que par la peinture d'après nature, il parvient toutefois à dépasser le réel en le mêlant à une touche de merveilleux, un souffle spirituel lié à sa foi bouddhiste, ainsi qu'une flamboyante réinvention des modèles de la peinture chinoise d'oiseaux et de fleurs. Et s'il y parvient, comme le souligne son ami moine Daiten, c'est parce qu'il sait regarder la nature avec « son coeur ».
Après plusieurs collaborations, dont Strasbourg intime, Catherine Jordy et Christophe Hamm entament une nouvelle collection, intitulée "Les charmes discrets de ..." et débutent avec un livre présentant des intérieurs d'exception à Strasbourg, tant publics que privés, le plus souvent inconnus du public. Pour tous les amoureux du patrimoine, pour ceux qui aiment savoir ce qui a présidé au choix d'une décoration ou à la constitution d'une collection, pour les curieux et les amateurs de beau, ce livre est un cadeau idéal.
Quelques-uns des intérieurs sélectionnées pour cet ouvrage : des appartements privés, de collectionneurs ou d'artistes, la Fondation de l'OEuvre Notre-Dame, l'Église Orthodoxe de Tous -les-Saints, la Cave Historique des Hospices de Strasbourg, les fresques du XVème siècle de l'Hôtel des Joham de Mundolsheim de la rue des Juifs... et bien d'autres !
L'oeuvre de Sargent est loin de se résumer à ces portraits d'apparat. Ce livre offre un nouveau regard sur l'artiste, ou plutôt un double regard, contrastant le Sargent du beau monde et l'envers du décor, qu'il a également reflété dans des tableaux moins connus. Chaque chapitre drévèle un aspect de son parcours, passant successivement en revue ses portraits les plus célèbres, ses toiles les plus intimes, son goût pour les arts, les voyages et les expérimentations pleinairistes, pour finir sur ses décorations murales à Boston, et les peintures de guerre de la fin de sa vie.
Au début du XXe siècle, Ferdinand Hodler est incontournable. La force de son oeuvre en a fait une figure tutélaire, à tel point que certains de ses contemporains ont affirmé que la notion d'"art suisse" n'existerait pas sans lui.
Cet ouvrage explore la manière dont Hodler a été un moteur de la modernité suisse et montre surtout qu'avec, autour et après lui, la Suisse a vu émerger une pléiade d'artistes de premier plan, parmi lesquels Cuno Amiet, Giovanni Giacometti ou encore Félix Vallotton. Certains d'entre eux, encore éclipsés par sa notoriété, méritent aujourd'hui d'être remis en lumière.