Perdre la main
1994, le Rwanda est le lieu d'un massacre organisé : les Tutsis sont systématiquement pourchassés, tués ou mutilés par des Hutus enivrés d'alcool et de récits anti-Tutsis. Dominique Sigaud, journaliste indépendante, est sur place.
Il aura fallu 30 ans pour qu'advienne ce récit impeccable et imparable sur les choses vues alors. 30 ans durant lesquels la langue se bloque, refuse l'obstacle de la remémoration. 30 ans durant lesquels le corps pourtant envoie des signes, s'insurge contre le silence.
La qualité de ce récit se situe exactement dans ce laps de temps. Dans ces 30 ans durant lesquels la journaliste se transfigure en écrivain.
*Perdre la main* revendique la place du témoin pour dire l'impossible, la nécessité d'opposer la langue et les mots pour riposter aux propagandes officielles, aux langues mortes des institutions. Et dire aussi la nécessité d'accompagner les survivants.