Les vrais écrivains ne ressassent jamais. Ils visent de livre en livre la forme parfaite, le mot juste, l'angle d'attaque percutant...Mathieu Belezi avait déjà exploré le lien colonial entre la France et l'Algérie dans quelques romans déjà très appréciés. De mon côté, j'avais lu et aimé Un faux pas dans la vie d'Emma Picard tout en colère indignée, en rêves fracassés...C'était déjà très réussi.

Mais il arrive parfois que l'écrivain se surpasse, qu'il atteigne une sorte d'apothéose. Tout ici est puissance : l'écriture qui se fait chant, la dénonciation de l'illusion coloniale, l'évocation des rudes besognes et des bains de sang.

"Dois-je raconter ce qui ne devrait pas l'être ?" se demande Séraphine.

Merci à Mathieu Belezi de dire ce que la volonté coloniale suppose d'aveuglement, de mensonge, de violence...