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L'avancée de la nuit est un roman qui ne se livre pas facilement. L'univers déployé par Jakuta Alikavazovic baigne dans cette lumière ambivalente qu'est le clair-obscur...cette lumière qui éclaire autant qu'elle cache, cette lumière propice aux présences envoûtantes... C'est dans cette lumière qu'évolue Amélia Dehr, personnage magnifique, qui porte en elle l'intuition du désastre, l'instinct de la catastrophe. Et qui, pour cette raison, préfère fuir et devenir une présence fantomatique irradiant la vie de ceux qu'elle aime, de ceux qu'elle quitte (et qui sont vous vous en doutez les mêmes...) Si le roman est riche de mille et une réflexions (ainsi de cette question déstabilisante à l'heure du tout sécuritaire : "Une ville peut-elle mourrir de peur ?"), si l'écriture d'Alikavazovic est d'une douceur constante, c'est bien Amélia cette femme aspirant à la dérive, à l'oubli qui nous éblouit le plus de page en page ! Bref L'avancée de la nuit est un roman impossible à saisir en quelques mots. L'un des personnages du roman se demande (p.55) : "Peut-on être contaminé par une histoire. Par des mots ?". La réponse est oui. Je porte encore en moi Amélia Dehr comme un corps étranger mais qui est devenu indispensable à ma vie de lecteur à l'instar d'Anne-Marie Stretter de Duras.

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