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André Blanchard fut un grand (re)lecteur, un amoureux du beau style, un observateur intelligent et un dénicheur d'impostures (qu'elles soient ou non littéraires) hors pair.
S'ajoute à la lecture de ce volume des carnets la tristesse d'avoir perdu tout cela, d'un seul coup, le 29 septembre 2014.

Reste la plus belle chose à faire : le lire, le relire. S'en délecter chaque jour ; s'en imprégner comme on se gorge de soleil les matins d'été.

Sur Emma Bovary donc sur Flaubert donc sur André Blanchard lui-même :

"Et Emma dans tout ça ? Elle trinque ; et par là même ressemble de plus en plus à Flaubert ; ainsi, même amoureuse, ce qu'elle ressent, c'est "une insuffisance de vie", pire, "une pourriture instantanée des choses où elle s'appuyait", notation faisant songer au parasitage qui pervertit la vue de Flaubert devant un bourgeon : déjà il voit le fruit, en décomposition ; c'est ce qu'il appelle ne pas pouvoir ne pas "deviner l'avenir", par exemple ne pas pouvoir voir un berceau "sans songer à une tombe". (...) L'idiote de l'histoire, je l'ai déjà écrit et le maintiens, l'idiote, ce n'est pas Emma, c'est la vie. Dès lors qu'elle en a pris conscience, Emma part à fond dans la divagation, dans l'étourdissement, dans le fantasme chargé de peupler les heures ; et tout est bon , les fringues comme les coucheries. Ce qu'il lui faut, c'est un monde capable de remplacer le titulaire, éreinté, et, suprême affront, qui devant elle ne bande plus".

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