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Pour obtenir le droit d’asile en France, Reza, réalisateur afghan issu de la minorité hazara, doit répondre aux questions froides, piégeuses, d’une juge de l’Opfra. Alors Reza raconte, raconte, raconte… Son histoire, celle de sa famille, de ses amis, des Hazaras, de l’Afghanistan et de l'Iran où il a vécu… L’histoire d’une vie frappée par les persécutions, l’exil, la peur, mais aussi la solidarité, un furieux désir de vivre, et l’amour pour le cinéma.

Hazara Blues nous entraîne dans un tourbillon de récits touchants, drôles, rageants parfois, mais toujours sincères. Des récits dans des récits dans des récits, narrés à la manière de contes orientaux, qui se répondent, se succèdent naturellement, et nous font découvrir toute une galerie de personnages auxquels Reza Sahibdad rend hommage avec autant de sincérité que d’amour.

Le risque, avec tant de récits enchâssés, aurait été de s’y perdre : c’est sans compter l’intelligence de Yann Damezin, qui attribue une couleur à chaque temporalité. Un procédé à la fois esthétique, symbolique - chaque couleur renvoie aux drapeaux des pays évoqués -, et ingénieux, qui confère une grande clarté à la narration. De même, si le somptueux dessin foisonne de détails, ce n’est jamais au détriment de la lisibilité. Tout a un sens, rien n’est superflu.

En résulte une lecture d’une fluidité éclatante, très émouvante mais jamais larmoyante, empreinte de poésie mais toujours réaliste. Hazara Blues est une fresque intime dense, saisissante et intelligente. Elle porte en elle la beauté des contes qu’on se transmet oralement, et l’importance des témoignages de ceux qu’on n’écoute pas assez. 

Une immense réussite, et l’une des plus belles BD de cette rentrée.

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