Challah la danse
Ce récit immersif est un vrai régal, burlesque parfois, tendre et lumineux, toujours ! Un premier roman qui raconte l'immigration sans tomber dans l'écueil du "déjà lu".
Un patron installe son usine de textile, embauche des ouvriers du Maghreb et pose les fondations, d'un hameau, d'une petite cité qui ne porte pas son nom, au lieu-dit Chemin des brigands
À l'orée du village, dans la région de Lyon, on plonge dans un récit rural mais pas agricole.
Du mois de juin 1983 au mois d'octobre 1998, on suit plusieurs familles et leurs enfants qui grandissent. Les chapitres s’égrènent, et distillent les lieux, les plats, les noms et les accidents, de vies singulières, comme toutes celles déplacées par nécessité ou par espoir.
Dalya Daoud plonge dans ses souvenirs et construit une œuvre de fiction qui touche à l'émotion. Elle soigne chaque détail, de ses personnages, de leur lieu de vie, de leurs chemins qui se croisent, des joies et des incompréhensions entre générations ou entre voisins. Elle nous offre un récit à la narration fluide, rythmée, maîtrisé et sans prétention. On sent le plaisir du travail d'écriture tout au long du roman et ça fait notre joie !
Ce superbe texte vient agacer la banalité du racisme ordinaire. Il pointe en filigrane l'impossible mixité qui peut se lire dans le regard, les gestes de celles et ceux qui ne sont pas concernés.
Après des décennies de récits de darons, sur un sujet casse-gueule, qui a épuisé quelques générations d'auteurs et d'autrices, Dalya Daoud, marque son empreinte et apporte sa pierre à l'édifice de la littérature française d’aujourd’hui.