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On pense toujours de soi que l'on est assez ouvert d'esprit, qu'en littérature le sujet peut supplanter toute appréhension. L'absence de ponctuation dans un texte, c' était ma limite, je lis vite, s'il n'y a pas de points ni de virgules, j'ai peur de passer à travers le texte.

Je n'aurais probablement jamais osé lire Anna Thalberg, si en 2020, ma collègue Alisée ne m'avait pas fait lire Filles, femmes, autres de Bernardine Evaristo aux éditions Globe, dont elle m'a dit « le sujet va te plaire, l'absence de ponctuation ce sera une valeur ajoutée à ta lecture » et en effet j'ai adoré ce roman qui par sa forme, invite à prendre son temps et donne à chaque personnage sa propre rythmique de récit en fonction de chaque lecteur.ices.

J'ai commencé à lire Anna Thalberg, et j'ai littéralement dévoré les trois premiers chapitres d'un coup (40 pages en 30 minutes), et puis je l'ai reposé, sur mes gardes.

Je savais que je voulais prendre mon temps et ne pas traverser le texte mais être traversée par lui.

J'ai repris ma lecture et j'ai replongé dans cette narration inventive et très maitrisée, rythmée par l'économie de ponctuation et un plaisir évident de minutie.

Eduardo Sangarcia nous entraine avec puissance et intelligence dans l'esprit fou des bourreaux et des complices, dans le cœur et le corps meurtrie des victimes et des alliés.

L'histoire de Anna Thalberg, une femme enlevée et emprisonnée, accusée de sorcellerie nous emmène au delà des procès de sorcières dans le sud de l'Allemagne au XVII ème siècle.

Eduardo Sangarcia signe ici un très grand premier roman qui fait écho à tous les tourments de l'histoire humaine et à toutes les ignominies contemporaines, un tour de force absolument fabuleux

Tout le monde devrait le lire !!

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