Un lieu ensoleillé pour personnes sombres
Elle est de retour ! Tout le monde attend impatiemment son prochain roman mais Mariana Enriquez nous régale toujours autant avec ses nouvelles, entre réalisme, fantastique et horreur. Peuplées de fantômes, de maisons hantées et d'objets maudits. Un recueil qui irradie, de notes charnelles et spectrales - l'Argentine comme une nécropole ardente. L'autrice nous emmène dans des chroniques sociales où le réel finit par s'effriter. Les fantômes semblent attendre impatiemment leur tour pour apparaître. Oh oui, derrière le béton, ils sont bien là.
Et puis ce fil rouge, la familiarité du mal. Un quotidien et tout déraille. Mariana Enriquez est très forte pour la visualisation on entend le bruit des images, on sent l'odeur de la peur. Mais l'aspect horrifique et fantastique n'est jamais gratuit. Ça permet de rendre compte d'une horreur passée comme par exemple le régime de la dictature ou bien la trace laissée par un viol sur plusieurs générations.
Ce nouveau recueil de l'autrice argentine fait entendre des voix féminines magnétiques - des femmes hantées, mutilées, effacées où l'horreur sur les corps est politique. 12 nouvelles, comme autant de cauchemars et d'apparitions, qui rendent compte du pouvoir lyrique nostalgique de Mariana Enriquez et de son talent pour la poésie noire.