Ce que je vole à la nuit
Après avoir donné naissance à son enfant, et ce dès la maternité, Rebecca Benhamou est assaillie de souvenirs de ses années d'études à Londres, au King's College. Elle y avait suivi un cours sur les grandes voix féminines de la littérature. Virginia Woolf est une figure qu'elle n'oubliera jamais et une voix qui résonne encore aujourd'hui. La même Virginia qui suivit, jeune fille, des cours au Ladies Department au même King's College. La même Virginia qui aurait aimé être mère mais ne le fut pas. Le post-partum de l'autrice lui brouille l'esprit et lui fait développer une attention toute particulière à la vie de Virginia Woolf. Cette dernière va l'accompagner dans son voyage littéraire, introspectif et maternel.
Toutes les réflexions de l'autrice, tous ses questionnements sont l'occasion pour elle (et pour nous) d'explorer le quotidien de la jeune Virginia qui n'a évoqué que très rarement ses études au King's College. Alors même que le concept de la chambre à soi lui a été inspiré dans ses cours : le Ladies Department était un espace de liberté, d'éducation, "a castle of one's own".
Ce récit est comme un moment suspendu. L'autrice ne se reconnaît pas, ne sait pas comment être mère dans l'immédiateté et se penche (et se raccroche) à une figure qui ne l'a jamais été. Elle est consciente de l'absurdité de son obsession mais elle doit y dénicher quelque chose, ça vient forcément de quelque part.
C'est un cheminement tout en pudeur et délicatesse que nous lisons. À travers les yeux de l'autrice et ceux de Virginia se pose la question de savoir quelle place est faite à l'écriture, cet espace de liberté, dans le flot continu de la vie.