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Le Reset a eu lieu on ne sait quand, ce fut cataclysmique et il a remis à zéro toutes les avancées de notre civilisation. Quand le roman commence, nous sommes en 380 après Reset. Malheureusement, le monde remis à zéro ne s'est pas débarrassé de ses traits les plus noirs, loin de là...Un seul objet rappelle le monde d'avant : la machine à écrire, "la sous-bois". Traduction littérale de la fameuse marque Underwood, cet outil est un véritable trésor. C'est grâce à elle que nous lisons ce texte, écrit par Perceval, un scribe, l'un de ces rares humains maîtrisant encore l'art de l'écriture. Perceval a été acheté par Igriega, orphelin saltimbanque devenu chef de guerre, et sa mission est de rédiger la chronique de la caravane de commerce à laquelle il appartient désormais et surtout, mettre par écrit la vie héroïque de son chef Igriega.

Écrire donc, laisser une trace dans le souvenir des grandes épopées, c'est tout ce qui compte pour ne pas être oublié. Mais écrire, c'est aussi réécrire, c'est être en capacité de créer un mythe avec le passé dans un présent ballotté. Dans un monde aussi chamboulé que celui-ci, ce récit livre une réflexion puissante, et véritablement pertinente, sur le pouvoir de l'écriture.

C'est aussi un roman d'aventures haletant, l'auteur explore de manière magistrale les préoccupations et angoisses de notre temps, des interrogations essentielles. Qu'est-ce qu'il restera, que devons-nous protéger ? Qu'est-ce qui importe, le savoir ou le pouvoir ? La connaissance permet-elle l'indépendance ou la soumission à la loi du plus fort est-elle inaliénable ? Écrire ou réécrire ? Créer un mythe ou s'en remettre à la "société" ? Je me suis laissé porter par ces tensions permanentes, par cette contemporanéité disséquée, par ce savant mélange d'un commencement, des origines à même la terre et d'un horizon puant que nous ne voulons décidément pas voir. C'était hypnotique et magistral, vraiment.

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