Peau-de-sang
Dans ce village hors du temps, Peau-de-sang est plumeuse d'oies. Elle dévoile le corps mort des animaux et dans l'intimité de sa chaumière, dévoile aussi sa chair bien vivante aux hommes en proie au désir. Les jeunes femmes aussi viennent vers elle, souvent envoyées par leurs mères, en quête de révélation(s).
C'est un roman avec une magnifique liberté formelle, narrative et stylistique. La narration n'impose pas de codes, Peau-de-sang et elle ne font qu'une, elles nous échappent tout autant qu'aux personnages (masculins). Cette femme est la projection des désirs de toute la communauté mais elle est libre de toute contrainte. Et ce chœur de voix, qui se fond dans la narration lui aussi, ne peut être écarté, mis en sourdine.
C'est un excellent roman social, sensuel, magnétique, onirique. On se laisse porter, ce n'est pas une tragédie que l'on nous conte, c'est une ardeur de vie. Audrée Wilhelmy a créé un archétype féminin fort, libre, non pas en lutte contre les normes sociales mais qui décide de ne pas s'y plier. Dans ce roman hors temps, hors lieu, Peau-de-sang ne déconstruit pas les codes, elle les refuse tout simplement.