Aller au contenu

Au seuil de la prison de Montluc à Lyon, l'autrice mauricienne Ananda Devi appréhende. Ce lieu est habité, elle n'en ressortira pas indemne, elle le sait. Elle le sent. Tous ces visages la scrutent la questionnent qui es-tu que viens-tu faire ici pourquoi toi pourquoi cette nuit pourquoi ce texte. En écrivaine humble et courageuse (et qu'est ce que le courage quand on entre ici), elle va s'y confronter et écrira avec une grande honnêteté sa peur de la mémoire des murs, de cette immense et oppressante charge d'histoire. Impossible de la nier, il faut l'emmagasiner. Qu'elle s'infiltre par tous les pores et en ressorte vibrante, assourdissante.

Car lorsque l'on pénètre dans la prison de Montluc, on s'aventure dans l'insondable. Résistant.es, juifs (hommes, femmes, les enfants d'Izieu), espion.nes, objecteurs de consciences, pacifistes, opposants à la guerre d'Indochine, communistes, indépendantistes algériens et même Klaus Barbie y sera symboliquement incarcéré avant son procès. Vous voyez le tableau ? Vous les voyez les fantômes ? Mais ne pas avoir vécu ce que les autres ont vécu empêche-t-il de ressentir ? Non. Au-delà de toutes ses interrogations, à travers tout son cheminement, je l'ai trouvée tout à fait légitime d'écrire ce texte. L'entreprise est loin d'être simple. Ananda Devi écrit un texte hanté. Et d'une beauté éblouissante.

Ajouter cet ouvrage au panier