Chiennes de garde
Il est impossible de ne pas ressentir d'empathie pour ces femmes, issues d'univers bien différents mais toutes nées filles dans un monde hostile à leur émancipation. L'autrice joue avec l'oralité pour nous faire entrevoir leurs consciences, leur intériorité. Cette retranscription d'un langage de rue, d'un naturel et d'une fluidité parfaite, donne un rythme fou aux récits. Vous êtes littéralement happé.es dans leur quotidien, dans cette urgence de raconter. Raconter quoi ? Des destins tragiques, certes. Mais portés par une langue qui va bien au-delà du sordide. La langue fuse, elle étincelle, explose même. Elle est colorée, lumineuse et sonore à la fois. Elle dit des choses graves, elle placarde l'impunité masculine.
C'est de violence dont il est question, un monde entier de violences à l'intérieur des frontières du Mexique. Dans la culture mexicaine contemporaine, il y a beaucoup d'oppression mais aussi beaucoup de résistance, et ces femmes s'échappent comme elles peuvent, dans la musique, les telenovelas, et le pouvoir que procure la narcoculture. Elles savent pertinemment qu'elles sont les proies toutes trouvées dans ce funeste système. Mais l'autrice n'en a pas fait des femmes de l'ombre, elles ne sont pas au second plan dans le simple rôle de victimes. Elles sont bien les héroïnes de leur histoire, elles se rebellent, elles se vengent et prennent les choses en main. Elles font acte de violence, pas le choix.
Dahlia de la Cerda nous montre des femmes qui subissent mais qui gueulent la bouche grande ouverte et le poing levé. C'est la loi du plus fort au Mexique, eh bien dans leur malheur ces femmes sont p****n de fortes !!