Terre noire
Lorsque la mère d'Ana meurt soudainement d'une crise cardiaque, son monde s'effondre. Son père lui propose de venir vivre avec lui et pas n'importe où. Archéologue dans la région du Haut Xingu, au coeur du Mato Grosso, ils vont passer plusieurs mois dans un village autochtone. Cette expérience de vie marquera pour toujours la jeune Ana. Elle découvre un quotidien bien éloigné du sien, l'histoire, les traditions et mythes en vigueur dans le village. Leur portugais est approximatif mais tout le monde arrive à se faire comprendre. Tous ces échanges enrichissent grandement la vision du monde d'Ana, elle noue un lien assez fort avec bon nombre d'entre eux et, au fil des semaines, finit par se sentir vraiment chez elle au milieu de ce peuple d'adoption.
Étant la plume d'un chef indien, l'autrice sait de quoi elle parle et ça se ressent vraiment. Le regard porté sur cette histoire est bien éloigné de celui, occidental, fantasmé, qu'on pourrait avoir. La terre noire a cette appellation car les civilisations indigènes qui se sont succédé l'ont parfaitement fertilisée. C'est un terrain de fouille incroyable pour le père d'Ana qui en décèle les signes d'une activité humaine très ancienne et peut ainsi rendre aux peuples amazoniens la temporalité de leur histoire.
Son père regarde vers le passé tandis qu'Ana a les pieds bien ancrés dans le présent - un présent plein de surprises et de découvertes, de liens spirituels en création. Ce roman est une belle expérience initiatique, l'écho du Haut Xingu résonnera fort en Ana même à des milliers de kilomètres, lorsqu'elle se rendra compte des impacts écologiques désastreux sur la forêt et ses habitants. C'est un récit qui abat les frontières culturelles et montre un autre prisme d'enrichissement et de contemplation. La forêt est belle et complexe. Sa mythologie permet ici la découverte de soi, l'apprivoisement de ses désirs et de ses peurs.