La longue-vue
La vie conjugale est loin d'être un long fleuve tranquille. Dans l'Angleterre du siècle dernier, le couple Fleming est loin d'être un modèle d'amour passionné. Mais comme beaucoup d'autres à cette période, me direz-vous. Racontée à rebours, la chronique du mariage malheureux des Fleming commence en 1950 et se termine en 1926. Une construction narrative assez originale et d'une grande maîtrise !
A 43 ans, Antonia Fleming scrute les étapes de son mariage et contemple avec beaucoup d'amertume sa vie passée, tumultueuse et tourmentée. De chapitre en chapitre, le récit est ajusté telle la focale d'une longue vue regardant toujours plus loin dans ce passé. Avec un ton incisif et un humour caustique, Elizabeth Jane Howard nous livre des portraits sans concession, d'une belle finesse. L'autrice observe, décrit, porte une attention aux détails ainsi que dans la justesse des sentiments dépeints.
Avec ce pari risqué de cette construction narrative à l'envers, l'autrice réussit à nous faire remonter le temps de cette histoire tout en laissant entier le suspens des débuts. Je voulais absolument savoir ce par quoi Antonia était passée pour tenter de comprendre comment elle en était arrivée là !
C'est vraiment un beau portrait, sensible, de femme (dé)construite au fil de ses émotions.