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Les dures années d'une enfant passionnée par les mots au sein d'un milieu précaire hostile à cette culture. Son père est un ouvrier socialiste qui connaît le chômage, sa mère reste au foyer. Tove n'éprouve aucun attachement particulier à ses parents. Le premier est un homme triste et assez distant, quant à la deuxième c'est une femme violente et souvent imprévisible.

Le récit qu'en fait Tove Ditlevsen est très détaché, libre, et dans l'ensemble elle ne force pas le pathos. En revanche, il est beaucoup question de honte sociale. Elle dit les choses, elle ne met rien de côté mais sans en faire trop. On se rend compte qu'à son âge, son propre système de survie réside dans son refus de l’apitoiement, une certaine mise à distance de l'intime et du dramatique. Toute sa sensibilité, c'est dans les mots qu'elle la placera. La poésie devient son échappatoire.

Mais écrivaine/poétesse n'est pas la destinée qu'on attend d'une fille dans les années 20 au Danemark, encore moins quand on vient d'un milieu comme le sien. Faire un mariage convenable ou devenir domestique dans une bonne famille, voilà les possibles chemins qui s'offrent à elle. Et ne surtout pas tomber enceinte avant 18 ans, hors mariage. La honte ultime. Elle en connaît des filles de son quartier à qui s'est arrivé. On leur jette l'opprobre si facilement alors qu'il faut être deux pour concevoir...

Tout ceci et bien plus encore est vu par les yeux d'une petite fille qui se demande bien à quoi va ressembler sa vie future...

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