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Laurent Mauvignier est un écrivain qui m'accompagne depuis si longtemps que j'ai l'impression de le connaître par coeur. Et fatalement, avec le temps, peut advenir une impression de déjà-lu qui parfois a pu parasiter ma lecture. Alors en commençant les 640 pages d'Histoires de la nuit, j'étais persuadé d'être en terrain connu. Et cette sensation durera jusqu'à la page 109. Nous nageons avec bonheur dans la phrase de Mauvignier qui circule de sensations en non-dits, qui saute de personnages en personnages sans jamais les écraser...Il s'agit de la vie tranquille dans un hameau où Bergogne, Ida et Christine devront fêter le soir même les quarante ans de Marion. Et puis le roman s'emballe. Une affaire de rythme, une affaire de tension...L'arrivée d'abord d'un inconnu chez Christine demandant des informations sur une maison à vendre et puis Radjah, le chien, qui ne répond pas à ses appels répétés. Et puis... Et c'est là que Mauvignier nous surprend et nous embarque. En ne cédant rien à la densité de son écriture, à la flamboyance de son style, il réussit à nous faire trembler pour ses personnages comme le meilleur des thrillers américains ! Et, dernière marque d'un grand écrivain, il reste maître du tempo. Il décide des accélérations et des respirations. Il décide de creuser ou de survoler une sensation, une situation. Il décide enfin du moment de la chute. Brillant !

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